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Pleyber-Christ a son histoire
Des origines au Moyen Âge
Des maisons de l'époque romaine ont été construites dès les premiers siècles après Jésus-Christ sur la garenne nommée Goarem-Ven, près de Lanmarc'h-Izella. Cette occupation se reconnait à la présence de fragments de tuile. Le site a marqué de son nom une vaste région. La tour de Lanmarc'h contrôlait la voie antique Quimper-Morlaix.
Le premier démembrement de la paroisse primitive de Ploe-Iber a eu lieu en 1128 (le comte du Léon, Hervé, fait don à l'abbaye de Marmoutier du territoire correspondant en gros aux actuelles communes de Saint-Martin-des-Champs et Sainte-Sève) et un second vers 1180 (Saint-Thégonnec, Morlaix rive gauche et une partie de Sainte-Sève deviennent propriété du seigneur de Penhoat), ce qui reste de Ploe-Iber appartenant au vicomte du Léon. Un premier lieu de culte fut construit, vraisemblablement vers l’an 1200, au bourg actuel de Pleyber-Christ qui échut à un certain Rivault ou Rival et fut dénommé alors Ploeyber-Rivault. En 1458 le vicomte du Léon Allain de Rohan cède des terres à cet endroit à Jehan de Kergrist : il est probable que le suffixe "Christ" du nom porté par la suite par la paroisse provienne de ce nom.
En 1445, on dénombrait à "Pleybert-Rivault" les nobles suivants : Kerguenneuc (Jehan) possède Lesquifiout. Cosquer (Jehan). Cazré (alias). an Roch (Yvon). Trenengan (Derrien). an Henneuc (Guillaume). Keroust (Maître Yvon). Roche (Guillaume de la). an Henneuc (Raoul). Kerguenneuc (Hervé). Simon (Hervé). Roche (Yvon de la). Lors de la Montre de l'évêché de Léon en 1534, à la convocation du ban et arrière-ban de la châtellenie de "Morlaix-Leanmeur", la paroisse de "Pleybert-Rivault" est représentée par François Kerguennec, sieur de Lesquiffiou, homme d'armes; François Kerchrist, sieur de Treuscoat, archer; Maistre Yves Keraudy, sieur de Lohennec, archer à deux chevaux; Charles de la Roche, sieur de Kergrach, en brigandine; François Fenegan. Allain Coatangars, sieur du Cosquer, en brigandine.
Le château de la Roche-Héron, qui était situé à l'ouest de la paroisse en direction de Saint-Thégonnec, fut détruit pendant les guerres de la Ligue, donc dans la seconde moitié du XVIe siècle.
La paroisse de Pleyber-Christ faisait partie de l'archidiaconé de Léon relevant de l'évêché de Léon et était sous les vocables de saint Pierre et de la Sainte Croix.
Au XVIIe siècle, la seigneurie de Penhoët, sise en Saint-Thégonnec, s'étendait alors sur huit paroisses : Saint-Thégonnec, Taulé, Plouvorn, Plougar, Guiclan, Pleyber-Christ, Plounéour-Ménez et Commana.
La prospérité grâce au lin et au chanvre (XVIe – XVIIIe siècle)
Le temps est déjà loin où toute la campagne du Haut Léon, surtout “ la montagne ” (région des monts d'Arrée, mais aussi à Pleyber-Christ résonnait du bruit des métiers à tisser les toiles de lin, les fameuses “ Crées du Léon ”, mondialement connues aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles : ce fut pour nos ancêtres une période de grande prospérité : en témoignent encore les pierres en ruine des anciennes buanderies ("kanndi"), les pierres de taille des maisons de “ fabricants ” toiliers, les pierres prestigieuses des calvaires, ossuaires et églises des enclos paroissiaux. Dans cette région riche en cours d’eau et en sources, les paysans tisserands, dénommés les "Juloded", bâtissent des maisons qui étonnent par leur qualité, par une certaine magnificence et les noms gravés, comme dans les villages de Kervern, le Barric, et Trévalan. Chaque village de la zone toilière avait sa buanderie (kanndi), dans laquelle se blanchissait les fils de lin. Actuellement en ruines pour la plupart, ces anciennes constructions font l’objet de travaux de remise en état (sites de Traon-Kéromnès et de Kerioual).
Les maisons des Juloded, les paysans-marchands toiliers, sont des constructions à l'appareillage soigné, parfois en pierre de taille. Un escalier extérieur, également en pierre, reliait les deux étages et était protégé par une avancée du toit. La façade principale présente un pignon en avancée, un apotheiz, qui a donné à ce genre de construction le nom de « maison à apotheiz », maison à avancée, encore appelée, mais à tort, « maison de tisserand » ou « maison anglaise », ty-saoz en breton car des négociants britanniques venaient à Morlaix acheter des toiles de lin, . Parmi les plus caractéristiques sur le territoire communal, l'on trouve celles de Kervern (deux maisons de 1647 et 1662), de Lanmarc'h-Izella, du Barric.
La châtellenie du Daoudour
Au XVIIe siècle, la châtellenie de Daoudour est subdivisée en deux juridictions : celle de "Daoudour-Landivisiau", dite aussi "Daoudour-Coëtmeur", qui avait son siège à Landivisiau et comprenait Plouvorn et ses trèves de Mespaul et Sainte-Catherine, Plougourvest et sa trève de Landivisiau, Guiclan, Saint-Thégonnec, Guimiliau, Lampaul-Bodénès, Pleyber-Christ, Commana et sa trève de Saint-Sauveur, Plounéour-Ménez et pour partie Plouénan ; et celle de "Daoudour-Penzé", qui avait son siège à Penzé et comprenait Taulé et ses trèves de Callot, Carantec, Henvic et Penzé, Locquénolé, Saint-Martin-des-Champs et sa trève de Sainte-Sève.
La Révolution française
Les deux députés représentant la paroisse de Pleyber-Christ lors de la rédaction du cahier de doléances de la sénéchaussée de Lesneven le 1er avril 1789 étaient Guillaume Criminec et Jacques Mazé. Les prêtres de la paroisse, le recteur Grall et son vicaire Léveyer refusent de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé et sont suspendus. En avril 1791, un recteur et un curé constitutionnel sont élus : Jean François Le Febvre et Yves Clastrou.
En 1790, le procureur-syndic de la commune Hervé Kerauffret écrit à Jacques Mazé, qui vient d'être élu maire de la commune : « la misère étant devenue si grande, il n'est guère possible que les pauvres de cette paroisse puissent subsister, qu'ils ont même besoins d'un prompt secours, ce qui est à la Connaissance publique, qu'en conséquence il requiert à ce qu'il leur soit apporté incessamment les secours dont ils ont besoin, autant que les familles le permettront, par leur sacrifice d'une somme d'argent pris des coffres de la commune et déposée au main de Sébastien Martin et Guillaume le Traon fabriques pour être par eux employée en achat d'une certaine quantité de grain chaque semaine et dont le nombre de quartiers leur sera fixé, ainsi que la forme de leur distribution ».
La municipalité qui vient d'être mise en place accède à cette demande:'"L'assemblée délibérant sur la remontrance du procureur de la Commune et reconnoissant l'état affligeant ou se trouvent dans le moment les pauvres de cette paroisse a décidé et ordonne qu'il fera adressé par les dits fabriques pour être employé au soulagement des dits pauvres, quatre quarties de bleds d'orges, par semaine, qu'il distriburont en farine aussi chaque semaine".
En 1794, Marie-Julienne G.., en religion sœur Pauline, née à Pleyber-Christ, religieuse à Tréguier, puis retirée à Taulé, fut arrêtée en 1791 et condamnée à mort par le Tribunal révolutionnaire de Brest le 9 juillet 1794. Le 3 prairial an II (9 juillet 1794), le marchand de toiles landivisien Guillaume Le Roux, originaire de Pleyber-Christ, fut guillotiné à Brest.
Le XIXe siècle
L'agriculture vers 1840
Selon des statistiques agricoles publiées en 1849 et concernant selon les productions des années comprises entre 1836 et 1846, la population agricole en 1836 est de 3132 personnes, soit la totalité de la population communale.
La répartition de l'occupation des terres est alors la suivante : 1 823 ha de terres arables, 1 663 ha de landes et bruyères, 529 ha de bois, taillis et plantations, 337 ha de prairies naturelles, 2 ha de marais et étangs ; la commune possédait alors 26 moulins en activité.
Les paysans de Pleyber-Christ cultivaient à l'époque 365 ha d'avoine, 365 ha de froment, 273 ha d'orge, 83 ha de seigle, 146 ha de sarrasin, 36 ha de lin, 6 ha de chanvre, 55 ha de navets, betteraves, carottes et choux (dont 36 ha de navets et 6 ha de choux), 273 ha de trèfle, 105 ha de pommes de terre, 1 579 ha d'ajoncs d'Europe, 128 ha restant en jachère, et élevaient 530 chevaux (350 mâles, 100 juments, 80 poulains), 800 bovins (dont 550 vaches), 515 porcs, 63 ovins (12 béliers, 24 moutons, 17 brebis, 10 agneaux), 8 chèvres, 160 poules et 45 coqs, 22 canards, 10 oies, et possédaient 300 ruches à miel.
L'essor de l'industrie papetière
À partir du XVe siècle et surtout au XIXe siècle, l'industrie papetière fit la prospérité de la commune: une vingtaine de moulins à papier sont alors en activité dans la commune. Alimentés en chiffons par les pilhaouers des monts d'Arrée, les nombreux moulins de la vallée du Queffleuth bénéficiaient d’une bonne qualité et d’un fort débit des eaux : « Le papier, c'est d'abord le ramassage, la collecte de la matière première qui est collectée par les chiffonniers (pilhaouers) qui viennent des monts d'Arrée, la montagne pauvre.
Donc ils descendant par des chemins qui sont aujourd'hui des chemins de randonnées tout au long de la vallée. Ils descendant jusqu'à la zone côtière où est cultivé le lin et où ils trouvent les résidus d'étoupes et des chiffons qui seront utilisés pour fabriquer le papier. (…) Les chiffonniers ont amené la matière première. Là, les papetiers vont fabriquer différents qualités de papier : du papier d'emballage, du papier d'imprimerie, qui partira pour Morlaix (…) où il sera utilisé soit pour l'emballage des toiles de lin, soit pour la fabrication de cartes à jouer ou d'imagerie d'Épinal qui seront exportés par le port »34. En 1831, François-Marie Andrieux crée, sur le site de la Lande, la papeterie de Glaslan, équipée de machines à papier en continu, de fabrication anglaise. Cette usine papetière cessa son activité à la fin du XIXe siècle, bien après l'arrêt successif des moulins artisanaux.
Le pourcentage de conscrits illettrés à Pleyber-Christ entre 1858 et 1867 est de 62 %. En août 1878, le conseil général du Finistère approuve le transfert de Plounéour-Ménez à Pleyber-Christ de la caserne de gendarmerie qui est décidée finalement par le ministère de la guerre en septembre 1879. Le transfert a effectivement lieu en 1882. L'élevage des chevaux fut longtemps une activité importante.
À la fin du XIXe siècle, Pleyber-Christ comptait 13 maréchaux-ferrants. En 1899, Pleyber-Christ fait partie des dix-huit seules communes du département du Finistère à déjà posséder une société d'assurance mutuelle, forte de 53 adhérents, contre la mortalité des animaux de ferme, qui assure les chevaux et les bêtes à cornes.
Le XXe siècle
Le Monument aux morts dans la porte duquel il faut passer pour entrer dans l'enclos paroissial.
Le bourg de Pleyber-Christ a été électrifié peu après la Première Guerre mondiale « grâce à l’habileté des frères Quéré qui avaient fait une installation artisanale au moulin Jouanet, à la limite de la commune, sur la route du Cloître-Saint-Thégonnec ». Plus tard la compagnie Lebon devait racheter l’installation. L’époque des compagnies d’électricité était venue.
La Belle Époque
Répondant en 1904 à une enquête de l'inspection académique, un instituteur de Pleyber-Christ affirme que « ceux qui ne parlent pas et surtout ne comprennent pas le français sont en bien petit nombre » et ajoute qu'« il est des personnes qui ne comprennent pas un mot de breton », même si la plupart s'expriment couramment en breton. Il ajoute que le catéchisme « pourrait être donné exclusivement en français. Tous les enfants qui fréquentent l'école publique de la commune et qui doivent faire leur première communion sont en état d'apprendre et de comprendre facilement le catéchisme français ».
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Pleyber-Christ porte les noms de 130 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Marie Laurent, née Marie Sibiril, de Kervenezec en Pleyber-Christ, veuve, perdit ses quatre fils au combat : François, Yves, Joseph, Pierre, ce dernier mort pour la France le 16 novembre 1918, soit cinq jours après l'armistice. Parmi les autres soldats morts pour la France pendant cette guerre, Hervé Abgrall fut décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre avec étoile de bronze. Deux au moins (Jean Meudec, Jean Salaun) sont des marins disparus en mer ; trois au moins (Joseph Dilasser, Pierre Meudec, Pierre Thoribe) sont morts sur le front belge ; Alain Bohic est mort en captivité en Allemagne ; la plupart des autres sont décédés sur le sol français.
La Seconde Guerre mondiale
Plaque commémorative des résistants fusillés et déportés Le monument aux morts de Pleyber-Christ porte les noms de 30 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale. L'histoire de la Seconde Guerre mondiale à Pleyber-Christ a fait l'objet d'un numéro spécial de la revue d'histoire locale "L'écho du Porz-Ruz". Parmi les déportés, Jean Gourvest, né le 20 janvier 1913 à Pleyber-Christ, fut arrêté sur le territoire du Troisième Reich (hors Alsace-Moselle) et interné au KL Buchenwald le 3 mars 1945 (matricule : 133211), fut aussi déporté à Erfurt, mais revint vivant des camps de concentration. Le 12 novembre 1943 un train de marchandises se dirigeant vers Brest est mitraillé en gare de Pleyber-Christ par un avion allié. Le 5 décembre 1943, seize bombes tombent sur Pleyber-Christ (dont 12 près du hameau de Coatizelec, une jeune fille est tuée), une à Sainte-Sève et trois à Guiclan, causant des dégâts importants. Les établissements Guével, créés par Jean-François Guével en 1899, grossistes en boissons, devinrent un important centre régional du commerce du vin. Ils ont longtemps marqué la commune, y compris dans sa physionomie avec la série des camions parfaitement alignés en dehors des heures de livraison. Absorbés un temps par France-boissons, l'entreprise a fermé aux alentours de l'an 2000. Le site est désormais occupé par la société TWD (Trans West Distribution) qui exploite une plate-forme logistique (transport, distribution, stockage, affrètement), passée de 8 salariés en 2003 à 38 en 2007. Des courses hippiques furent organisées sur l'hippodrome du Croas-Tor jusqu'en 1962.
L'après Seconde Guerre mondiale
André Moreaux est mort pour la France pendant la Guerre d'Algérie.
Les 3 derniers curés ont été Jean Feutren de 1977 à 1987, René Gauthier (décédé à l'âge de 100 ans en août 2022) et Yvon Le Grand jusqu'en 2007.
Depuis 2007, Pleyber-Christ n'a plus de curé résidant.